Le Canada, exportateur de ressources naturelles, accorde de l’importance à sa biodiversité, son eau propre et ses écosystèmes distinctifs. Cette vaste nation se trouve à un moment critique où se croisent des intérêts divergents concernant les pressions sociétales croissantes en faveur de la durabilité environnementale et du développement des ressources naturelles. Par conséquent, les décisions de gestion des ressources naturelles prises par les communautés canadiennes, les peuples autochtones, les industries et les organismes de réglementation nécessitent des informations opportunes et pertinentes concernant les risques et les impacts des activités humaines, en particulier dans le contexte des changements climatiques.
L’analyse de l’ADN environnemental (ADNe) — matériel génétique transféré par les organismes dans leur environnement — s’avère très prometteuse, l’ADNe pouvant fournir des informations non destructives, rapides, économiques et précises sur la biodiversité. Par exemple, une seule pelletée d’eau d’un lac peut renseigner sur la présence d’espèces animales à risque, invasives, nuisibles et culturellement et économiquement importantes. Cependant, la variation considérable de qualité des données et la mauvaise compréhension des facteurs affectant la détection de l’ADNe ont entravé son adoption dans la politique réglementaire et la prise de décision en matière de gestion des ressources naturelles.
Les utilisateurs finaux (par exemple, les gouvernements, les Premières Nations, les ONG et l’industrie) réclament tous aujourd’hui la normalisation des méthodes et l’accès aux ressources d’ADNe afin de soutenir les études écologiques pour la surveillance des espèces en péril, la gestion des espèces envahissantes et l’octroi de permis et d’autorisations pour les projets énergétiques, miniers, forestiers, manufacturiers et d’infrastructure. L’impact est considérable. De meilleurs outils de surveillance pourraient permettre de détecter les nématodes vivants du pin et d’améliorer les essais d’efficacité du traitement du bois facilitant le commerce des produits forestiers canadiens (d’une valeur de 33,2 milliards de dollars en 2019), de réduire considérablement le coût de la gestion des espèces aquatiques envahissantes (par exemple, 3,6 milliards de dollars par an rien qu’en Ontario) grâce à une détection précoce, et de protéger des écosystèmes précieux.
Le projet iTrackDNA renforcera la capacité de l’utilisateur final grâce à des outils analytiques d’ADNe novateurs, accessibles et socialement responsables, fondés sur la génomique et destinés à une prise de décision efficace en : 1) soutenant la création d’une norme nationale de détection ciblée d’ADNe; 2) construisant des trousses d’ADNe pour détecter 100 invertébrés, poissons, amphibiens, oiseaux, reptiles et mammifères prioritaires dans les écosystèmes côtiers et intérieurs du Canada; 3) appliquant 10 trousses d’ADNe pour déterminer l’efficacité de la biosurveillance, de la biosalubrité et de la biorestauration des animaux; 4) créant un logiciel d’aide à la décision pour modéliser les changements de la biodiversité régionale en intégrant les connaissances écologiques autochtones; 5) élaborant un cadre de formation, de certification et de validation interlaboratoires de l’ADNe pour les consultants, les chercheurs, les organismes de réglementation et les gestionnaires; et en 6) concevant un document d’orientation sur l’intégration des méthodes fondées sur l’ADNe dans la gestion, les politiques et les règlements.
D’ici 2025, l’ADNe représentera sans aucun doute un outil d’évaluation courant, de nombreux pays investissant actuellement dans la technologie de l’ADNe. Le projet iTrackDNA est sur le point d’aider les Canadiens à atteindre des normes de qualité environnementale élevées et de faire du Canada le chef de file international en matière d’adoption de normes, d’élaboration de politiques et de tests d’ADNe.
Centres génomique responsables: Génome Québec et Genome British Columbia
Cochercheurs principaux :
Hugo | Asselin | Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue |
Louis | Bernatchez | Université Laval |
Jérôme | Dupras | Université du Québec en Outaouais |