La génomique au secours des ressources naturelles
L’accélération de la mondialisation perturbe l’environnement, c’est un fait. Plus que jamais, la question du développement durable s’avère primordiale. Heureusement, grâce à la génomique, de nombreuses solutions biologiques voient le jour.
En matière d’environnement, la génomique intervient selon trois axes: Comprendre, S’adapter, Agir
Comprendre
La génomique est l’outil de prédilection des chercheurs qui travaillent à cartographier la biodiversité génétique. Elle permet la mise en place d’activités de diagnostic et de compréhension plus complètes des spécificités génétiques des organismes vivants, et permet d’assurer des diagnostics, notamment de contamination et de pollution, efficaces et rapides.
Grâce à la génomique, on peut également être à la fine pointe en matière de biosurveillance. On sait que les conséquences des changements climatiques sur la distribution géographique et sur la productivité des diverses espèces sont difficilement prévisibles. L’utilisation des méthodes d’inventaire et de diagnostic issues des outils génomiques devient cruciale.
Symbole de l’identité nationale, le caribou est une espèce emblématique du Canada, aujourd’hui déclarée espèce menacée. En effet, les changements climatiques et l’activité humaine ont fortement affecté la diversité et la dispersion des troupeaux de caribous ces dernières années. Des chercheurs en génomique s’intéressent au sort de cet animal et proposent de cartographier et de cataloguer sa diversité génétique ainsi que les agents pathogènes qui menacent son espèce.
Ce travail de compréhension de l’infiniment petit permettrait de générer de nouveaux outils diagnostiques pour la cartographie génétique et la surveillance de la santé des troupeaux, et ce, à l’échelle géographique : ces outils de surveillance assureront une meilleure compréhension de l’adaptation du caribou et permettront d’établir les lignes directrices pour protéger l’habitat des troupeaux menacés.
Les outils génomiques contribueront en ce sens à soutenir une prise de décision éclairée pour préserver un patrimoine naturel et culturel vital et pour exploiter les ressources naturelles canadiennes de manière responsable, durable et acceptable.
La génomique et les changements climatiques
La recherche de solutions pour relever les défis liés aux changements climatiques favorise l’essor de secteurs économiques très prometteurs comme celui des technologies propres. Cette problématique fait partie intégrante du développement économique et nous avons tout intérêt à exploiter notre potentiel de créativité et d’innovation en cette matière. C’est dans cette perspective que la génomique s’inscrit dans la réflexion visant à trouver des solutions durables et porteuses pour l’avenir économique et social du Québec.
S’adapter
Si la sélection traditionnelle a permis l’essor de l’agriculture chez nos ancêtres, c’est par la sélection génomique que l’on a pu mettre à profit l’extraordinaire diversité génétique du vivant. Une telle diversité est un catalogue de traits dans lequel on peut identifier les meilleurs plants (arbres, céréales, etc.) pour une croissance accrue et une meilleure résistance à la sécheresse, aux températures extrêmes, aux ravageurs et aux pathogènes. La génomique permet d’identifier rapidement les plants les mieux adaptés à ces bouleversements.
Attention! Il ne s’agit pas ici de créer des organismes génétiquement modifiés. Il s’agit plutôt d’améliorer les procédés de croisements et de sélection, lesquels sont des procédés aussi anciens que la domestication des plantes et des animaux.
Ces procédés, désormais entièrement transformés par les connaissances génomiques, permettent de trouver des voies d’adaptation aux variations de température. C’est ce que nous appelons la «sélection assistée».
La sélection assistée est reconnue comme étant une biotechnologie alternative aux plantes génétiquement modifiées pour l’amélioration végétale. L’association Greenpeace International a en ce sens publié un rapport dans lequel elle affirme que «la sélection assistée par marqueurs a déjà démontré sa valeur en tant qu’outil pour l’amélioration végétale.»
Pour l’association, la sélection assistée nécessite «moins d’investissements, soulève moins de questions quant aux risques sanitaires, respecte les barrières d’espèces et est acceptée par le public». Pour Greenpeace, les biotechnologies et la génomique, en laboratoire, peuvent permettre de mieux comprendre les mécanismes régissant la vie et permettant le maintien de la biodiversité.
* http://www.greenpeace.org/usa/news/smart-breeding-biotechnology-innovation/
Depuis quelques années, les populations d’abeilles sont en très forte diminution, avec une disparition quasi totale dans certaines zones. Face aux conséquences graves que pourrait avoir une disparition progressive de ces pollinisateurs sur la planète, plusieurs équipes de recherche se penchent sur cette problématique. Le projet «Maintenir et garantir l’avenir des abeilles domestiques au Canada» consiste à mettre au point des outils génomiques qui permettront d’améliorer la santé, la résistance aux maladies et la productivité des colonies d’abeilles au Canada. Grâce à ces travaux, les abeilles seront mieux adaptées à l’environnement canadien et donc, plus résilientes aux changements climatiques.
Agir
Qu’il s’agisse de réduire les émissions de carbone, d’apporter des solutions durables et rentables à une multiplicité de problèmes environnementaux ou d’enrichir l’arsenal technologique de certaines entreprises, on peut déjà penser à des applications issues de la génomique pour contribuer à maîtriser la hausse des températures.
À titre d’exemple, on pense au développement de «pompes à carbone», c’est-à-dire d’agents à même de capter du CO2 d’une façon efficace. Ce qui est possible en ayant recours à la sélection de variétés d’arbres, dont les génomes se signalent par l’efficience supérieure de leur activité photosynthétique.
On peut également réduire l’utilisation de carburants fossiles, particulièrement polluants et source majeure de CO2, en utilisant des biocarburants (biofuels) issus de techniques génomiques appliquées à des végétaux, des arbres ou des résidus forestiers.
De nombreuses autres applications de la recherche en génomique ayant pour action la réduction des émissions de carbone (chimie verte, procédés industriels plus efficaces, etc.) et la réhabilitation par la phytoremédiation sont en cours de réalisation. Ces dernières n’ont rien de futuriste. Certaines sont déjà en usage.