Le scientifique et professeur John MacKay a découvert que l’épinette possède un gène de résistance naturelle contre la tordeuse, de loin l’insecte le plus ravageur de nos forêts.
Après Arborea I et II, le scientifique et professeur John MacKay travaille à séquencer le génome de l’épinette, et sa recherche s’annonce plus que prometteuse! Avec son équipe, il a découvert que l’épinette possède un gène de résistance naturelle contre la tordeuse, de loin l’insecte le plus ravageur de nos forêts…
Industrie forestière en transformation : des solutions pourraient venir de la génomique!
L’industrie forestière est en transformation. La matière première – les arbres – s’épuise et son renouvellement exige temps et patience. Dans un monde où la concurrence est féroce, chaque minute compte. C’est pourquoi le spécialiste en génomique forestière John MacKay de l’Université Laval et ses équipes se sont mis à chercher des solutions novatrices pour le développement durable des forêts.
TORDEUSE DE BOURGEONS DE L’ÉPINETTE :
MINUSCULE, MAIS RAVAGEUSE
Environ tous les 30 ans, la tordeuse de bourgeons de l’épinette s’attaque à la forêt boréale. Cette chenille minuscule – elle mesure à peine de 20 à 30 mm – est extrêmement vorace malgré sa petitesse. À preuve, l’insecte peut dévorer en quelques années des dizaines de millions d’hectares de forêt. Sa victime préférée : le sapin baumier. La tordeuse raffole, en effet, de ses bourgeons. Privés de leur croissance, les conifères meurent après seulement 5 ans. La dernière épidémie de tordeuses (1968-1990) a engendré des pertes d’environ 180 millions de mètres cubes de bois par mortalité et environ autant en perte de croissance.
Source de l’image : Jerald E. Dewey, USDA Forest Service, États-Unis
La génomique forestière : développement durable
Au cours des années 2000, le scientifique John MacKay et son collègue Jean Bousquet, tous deux de la ville de Québec, ont lancé les projets Arborea I et II, qu’a soutenus Génome Québec. Leur but : trouver des solutions durables et efficaces pour résoudre les problèmes liés à l’exploitation forestière. Leur moyen : la génomique.
La génomique permet de déceler les forces et les faiblesses de chaque espèce étudiée. De cette manière, il est possible de savoir quelles variétés d’arbres sont meilleures pour le reboisement ou, encore, quelles essences présentent une bonne capacité d’adaptation aux nouvelles conditions climatiques. Les données recueillies peuvent notamment servir à sélectionner, selon leurs gènes, les arbres les plus performants, et ce, dès le stade de semis.
La génomique forestière : espoir vivace
Grâce à la génomique, les chercheurs découvrent aussi des caractéristiques jusqu’alors inconnues. Par exemple, le séquençage du génome de l’épinette – un arbre très recherché pour sa dureté – a permis une découverte plus qu’encourageante. Cette essence possède, en effet, un gène de résistance naturelle contre la tordeuse de bourgeons, l’insecte le plus destructeur des peuplements de conifères de l’Amérique du Nord. Cela représente tout un espoir pour contrer ce parasite qui infeste des centaines de milliers d’hectares d’arbres par année. Notons que cette découverte cruciale est l’un des résultats préliminaires du séquençage du génome de l’épinette. Cette étude, qui a commencé en 2011, est réalisée par l’équipe SMarTForests, dirigée par John MacKay ainsi que Joerg Bohlmann de la University of British Columbia.
LA FORESTERIE HAUTES PERFORMANCES
Selon les chercheurs, la génomique forestière est plus que prometteuse. Elle favoriserait :
- un reboisement intensif, performant et efficient à court terme (3-5 ans);
- une augmentation de la régénération des forêts à moyen terme (5-10 ans);
- un approvisionnement en ressource première hautement performante (quantité et qualité du bois) à long terme (10-20 ans).